LE GRAND AIGUAT DE 1940
La grande inondation d'octobre 1940 qui ravagea toute la vallée n'épargna pas le quartier de Can Partera et du Pas du Loup. Pourtant, grâce à sa hauteur, le pont du Pas du Loup fut le seul pont routier du Haut Vallespir à résister à l'assaut des eaux qui passèrent cependant au-dessus de son tablier. La passerelle de Can Partera fut emportée ainsi que la route au niveau de l'aire de pique-nique. Celle-ci sera reconstruite un peu plus haut, à l'emplacement actuel. En attendant sa reconstruction, une route provisoire avait été aménagée en empruntant la rue des acacias pour rejoindre la rue Roque-Soubre. Tous les ravins devinrent des rivières impétueuses, transportant arbres et pierres. Les vues aériennes ci-bas témoignent de ces dégâts.
L'usine hydro-électrique près du pont fut aux trois-quarts emportée. Les employés qui habitaient à l'étage perdirent donc leur logement. Ce qui en restait fut démoli pour faire place à de nouveaux bâtiments. Voici un extrait du livre Haut et Moyen Vallespir au fil du temps, tome 3, de Jean Ribes:
Un acte de courage du chef d'usine M. Paul Bouix, retint particulièrement notre attention. Un de ses employés se trouvant en danger dans le canal, il se porta résolument à son secours en se mettant dans l'eau jusqu'à la ceinture. Sa périlleuse mission se termina parfaitement bien.
Il nous raconta un phénomène courant en ces jours de déluge, qui mérite d'être rapporté. Du ravin de la Gourde il vit jaillir, à une centaine de mètres en amont du canal de l'usine, une source énorme qui ne laissa rien sur son passage. Dévalant la pente à une vitesse vertigineuse, elle se déchargea dans le Tech, d'une quantité d'arbres et de roches de taille impressionnante.
Evidemment, toutes les constructions au bord du Tech furent inondées, notamment le Moli d'en Camps et quelques-unes furent détruites et emportées, dont le mas Can Riberou qui se trouvait sur la rive droite un peu plus bas que la passerelle ou une maison construite entre la Lézardière et Le Tech.
Un vaste chantier de consolidation des berges par la construction de murs de soutènement en pierres de taille fut entrepris après l'inondation.
Cet aiguat fut désastreux pour la population de poissons. Alors qu'autrefois il était facile de pêcher en peu de temps des dizaines de truites, elles devinrent rares et il fallut en réintroduire. Comme le lit du Tech avait été envahi de pierres et de sable, le milieu naturel était moins propice pour l'habitat des truites et elles ne seront jamais plus aussi nombreuses qu'avant les inondations. Il convient cependant d'ajouter que l'acide déversé dans les rivières par les teintureries de St-Laurent de Cerdans fut fatal pour nombre de poissons.
André Coste raconte qu'avant l'aiguat, il bloquait l'entrée d'eau du tunnel du grand canal du Moli d'en Camps, puis il allait se placer avec un seau à la sortie de ce tunnel. Quand le canal était presque vide, les truites glissaient dans le seau. Un bon repas était assuré.
Photo prise depuis le Moli d'en Camps. On voit au fond la passerelle provisoire en bois qui a été reconstruite et qui, elle aussi, sera emportée par une autre inondation.
Un peu plus bas que Can Partera, la Casota
Le pont du Pas du Loup avec la nouvelle usine hydro-électrique reconstuite pour remplacer celle emportée par l'aiguat.