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CAN PARTERE
13 août 2012

LA FAMILLE CAMPS A CAN PARTERA

La famille CAMPS a occupé une place importante dans l'histoire du quartier et ce patronyme reste encore dans l'appellation de plusieurs bâtiments ou lotissements. Il existe toujours le MAS D'EN CAMPS et le MOLÍ D'EN CAMPS. Ce dernier a transmis son nom aux deux premiers lotissements sur la droite en allant du hameau vers le Pas du Loup.

LE MAS D'EN CAMPS

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On ne saura probablement jamais à quelle époque les CAMPS se sont établis en Arles puisqu'ils y habitaient déjà lorsque les premiers registres paroissiaux ont commencé à être tenus par le clergé en 1570.
Des familles CAMPS exploitaient déjà des fermes sur le territoire du Frexa et d'autres habitaient la ville d'Arles et on peut supposer qu'il existait des liens de parenté entre ces familles puisque, par exemple, le 4 mars 1597 Vicens CAMPS et Magdalena "del Frexa" font baptiser leur fille Hieronima Clara. La marraine est Hieronima Catharina CAMPS épouse de Francesch CAMPS sabater (cordonnier) d'Arles.
Plusieurs familles CAMPS habitaient le Frexa à la même époque: Simon CAMP pagès (paysan) del Frexa sera parrain d'Abdon Francesch, fils de Francesch CAMPS et de Joanna Anna le 21 décembre 1599. Vija CAMPS pagès del Frexa sera parrain de Joan Vicens fils de Sempere CAMPS et de Margarida le 15 octobre 1606.
Des familles portant d'autres patronymes habitaient aussi avec les familles CAMPS: le 4 novembre 1634 est enterré Joseph MALLARE. L'acte de décès mentionne: "mori en casa de Joseph CAMPS del Frexa"
Les familles CAMPS avaient une certaine notoriété puisque, lorsque décède Madalena CAMPS épouse de Vicens le 21 août 1620, elle est enterrée avec assistance de "tots els sacerdots de dita vila de Arles" c'est à dire de tous les prêtres de la ville et en avril 1621, on célèbrera une neuvaine en sa mémoire, encore une fois avec l'assistance de tous les prêtres. Une telle mention dans les actes de décès est tout à fait exceptionnelle.
Pendant la première moitié du XVIIè siècle, il n'est jamais fait mention du "MAS DEN CAMPS". On parle toujours des CAMPS del Frexa. Le territoire du Frexa comprenait les mas actuels de la Casassa, de les Llasseres, du Boix, du mas et du moli d'en Camps. Le Mas d'en Camps actuel existait-il déjà? Peut-être pas. Le 1er décembre 1636 est baptisée Maria Teresa Francisca fille de Jaume Roca et de Teresa, pagesos habitant el mas de Camps dit la Casassa. Le premier mas de Camps serait donc le mas de la Casassa qui se trouve près de la centrale électrique. Un peu plus tard, le 10 juillet 1667, sera baptisée Maria Teresa Teodora Francisca, fille de Antoni Boix et de Madalena, pagesos habitants a la masada d'en Camps del Frexa. Une "masada" est un mas important, comprenant un ensemble de bâtiments. C'est la première fois en 1667, que le terme "Mas (masada) d'en Camps" est utilisé. Il le sera ensuite continuellement. La date 1701 est inscrite sur un linteau du mas mais il est à peu près assuré qu'il s'agit d'un agrandissement du mas initial.
Les heures de gloire (s'il est permis de parler ainsi) du MAS D'EN CAMPS commencent le 13 novembre 1646 avec la naissance de Abdon Joseph Jacinto Damaso, fils de Joseph CAMPS et de Maria. Il avait une soeur: Elisabet et 2 frères: Joseph et Pere. Son frère Joseph, docteur en philosophie, était prêtre et sera pendant de nombreuses années le curé de la paroisse Sant Esteva.  Après le décès de ses parents en 1688, les registres démontrent qu'il deviendra "le patriarche" du Frexa. Il était souvent parrain des enfants qui étaient baptisés: 18 oct 1685: Margarida Francisca Teresa, fille de Joseph Camps et de Teresa, 7 juin 1703: Abdon Joseph fils de Joseph Sajaloli et Maria masubers del mas den Camps, 1er sept 1706: Joan Abdon Joseph fils de Arcangell Rigall i Maria habitants en lo mas de Las Llasseras, 5 février 1707: Maria Anna Margarida fille de Joseph Llobera et Margarida habitants del mas dit la Casassa, 16 juillet 1710: Maria Anna Therasa fille de Joan Sajaloli et Maria habitant el mas de Las Llasseras, 23 oct 1712: Chatarina Francisca fille de Joan Susquet et Maria, 2 avril 1714: Anna Maria Tharesa fille de Vicens Pages et Maria.  C'est lui, avec les encouragements de son frère Joseph curé de la paroisse,  qui a fait construire en 1693 la chapelle qui existe toujours à côté du Mas d'en Camps et qui portait le titre de "esglesia Sant Joan Evangelista, parroquia Sant Esteva de Arles" (église Saint Jean Evangéliste, paroisse Saint Etienne d'Arles). La même date, 1693, est inscrite sur la cloche. Selon le cadastre,  elle sera vendue en 1901 à la famille Vilaseca propriétaire du mas depuis 1894.  Des cérémonies avaient lieu régulièrement dans cette église et en particulier des mariages. Abdon CAMPS était toujours témoin de ces mariages: 19 mars 1710 Jaume Sajaloli et Elena Gres, 28 avril 1711: Hieronim Vilanova, corder d'Arles et Theresa Boix del mas del Boix del Frexa, 1er février 1712: Pere Lloansi de la Casassa et Margarida Sitja de Sant Llaurens de Cerda, 26 juin 1713: Vicens Pages habitant al mas den camps et Maria Roca de Montferrer.
L'épouse d'Abdon, Margarida, décèdera le 20 mai 1712 et sera enterrée avec "tota las majas ceremonias, nocturnes, prosa y himnes dels Sants", c'est-à-dire avec une cérémonie grandiose.
Abdon décèdera un peu plus tard, le 21 février 1717. Lui aussi sera enterré "ab assistencia de tot lo illustro capitol y comunitat de la parroquia de Sant Salvador ab tota la solemnitat". Ils ne semblent pas avoir eu de descendance et le mas d'en Camps passera entre les mains d'autres familles mais conservera l'appellation de CAMPS.

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Émilienne Casso promenant sa fille Marie Magdala sur la route du Ventous

 

LE MOLÍ D'EN CAMPS

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les meules reconverties en dallage extérieur

Un lotissement de Can Partera porte le nom de MOLÍ D'EN CAMPS, c'est-à-dire Moulin de Camps. Un moulin a fonctionné pendant de nombreuses années à Can Partera et il est toujours là bien qu'il ait perdu sa vocation depuis la fin du XIXè siècle. Il servait à fabriquer de la farine à partir du blé. Il est situé en bordure du Tech et était actionné par l'énergie hydraulique. Un barrage situé à 150 mètres en aval du pont du Pas del Llop dirigeait une partie de l'eau vers un canal qui longeait le Tech pour aboutir au moulin. Il ne reste maintenant aucun vestige de ce canal. On peut cependant vérifier son tracé sur le plan Napoléon. Il commençait au ravin qui sépare le Pas du Loup du Molì d'en Camps et passait un peu en contrebas de l'actuelle rue des Peupliers.  Bien que le moulin n'ait plus été en fonction en 1927, le propriétaire du moulin tenait à conserver ses droits sur ce canal.  Par un acte notarié (notaire Delcos à Perpignan) daté du 20 juillet, Joseph Vaills obtenait de M. Ecoiffier, propriétaire de l'usine hydro-électrique du Pas du Loup qu'il ne fasse aucune opposition s'il y avait lieu d'apporter des modifications à la digue située en aval de l'usine du Pas du Loup et donnant l'eau au canal du moulin Camps en vue de l'utilisation de l'eau de ce canal pour l'usage qui conviendrait à M. Vaills.

On peut présumer que la digue et le canal furent emportés par l'aiguat de 1940.

Le 9 janvier 1951, le notaire Fournier de Perpignan enregistrait une convention sous signatures privées entre Electricité de France, qui avait succédé à l'entreprise de M. Ecoiffier, et M. et Mme Augustin Coste, propriétaires du Moli d'en Camps.  Par cet accord, ces derniers renonçaient aux privilèges accordés auparavant par M. Ecoiffier à Joseph Vaills.  

 

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Le tracé du canal sur le Plan Napoléon (rivière du moulin)

 

 

Il faut remonter à la fin du XVIè siècle pour retrouver la trace des premiers CAMPS qui habitèrent le moulin.

Vicens Camps et Magdalena eurent au moins 3 enfants: Hieronima en 1597, Francesch en 1600 et Hieronim Joseph qu'on baptisa le 7 avril 1611. C'est ce dernier qui deviendra le premier meunier du Moli d'en Camps dans les registres paroissiaux. Sa mère décèdera quand il n'avait que 9 ans. Le 5 août 1636 il se marie avec Maria Morrat. Plusieurs enfants naîtront de ce mariage: Maria Elisabet le 22 novembre 1637, Anna Maria le 23 mai 1640, Joseph Francisco le 24 octobre 1641, Hieronim Joseph le 9 mars 1643. Son épouse décèdera le 21 février 1645 et lui-même le 27 décembre 1660.
Comme pour le mas d'en Camps, le moulin ne porte pas encore le nom de "den Camps" mais plutôt "molí del Frexa". C'est le 25 mai 1701, lors du décès du successeur de Hieronim Camps, Joseph Fabre, que l'expression "molí del mas den Camps" sera utilisée et deviendra par la suite "Molí d'en Camps", même si aucun CAMPS n'en sera ensuite propriétaire. Après Joseph Fabre, Barnat Xanxu deviendra meunier du molí d'en Camps. D'autres suivront...Sylvestre Julia qui le lèguera à son fils Abdon en 1836.  Celui-ci le vendra à Pierre Mouchart en 1837.  

LES LOTISSEMENTS DU MOLÍ D'EN CAMPS ET DU PAS DU LOUP

Voici deux photos datant de décembre 1975 où l'on voit le lotissement du Molí d'en Camps presque complété et celui du Pas du Loup en construction.

 

 

 

 

 

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LE GRAND CANAL DU MOLI D'EN CAMPS

Au moulin étaient rattachées, en plus de la maison de maître, toutes les terres sur la rive gauche du Tech qui se situaient entre le Grau de les Besties (hameau de Can Partere) et le Pas du Loup.  L'épouse de Pierre Mouchart, Marie de Guardia, était pour sa part propriétaire du mas du Pas du Loup et des terres qui y étaient rattachées. Le domaine de la famille s'étendait donc sur une distance de plus de 2 km le long du Tech.  Pierre Mouchart eut alors l'idée de construire un canal qui puiserait l'eau du Tech un peu en amont du Pas du Loup et qui traverserait les 2 propriétés pour les irriguer.  Ce canal aboutirait au ravin qui se trouve près de la passerelle.  Il fallut faire une digue sur la rivière, un tunnel pour traverser une montagne, des ouvrages pour supporter le canal quand il longeait en hauteur une falaise à pic et, en 1842, le canal fut achevé, sur une longueur de 2,4 km.

A partir de cette date, les propriétés de Pierre Mouchart et de Marie de Guardia furent vendues conjointement avec le canal.  Le premier propriétaire de l'ensemble fut Jean-Baptiste Vilanova en 1852 et le dernier, Augustin Coste qui décida de se défaire de sa propriété en vendant les bâtiments séparément et en créant trois lotissements sur les terrains de son patrimoine.  La moitié amont du canal reste propriété d'un des fils d'Augustin, André et l'autre moitié a été cédée à la commune d'Arles pour assurer l'écoulement des eaux de pluie.  Le canal fonctionna jusqu'à la fin des années 1980.  Il servait à l'irrigation des propriétés privées qu'il traversait.  Par manque d'entretien, il fut abandonné et serait maintenant difficilement réhabilitable. 

LA SALLE D'EXPOSITIONS

A la fin des années 1960, début 70, le moulin, devenu propriété d'Henri Coste (un des 3 fils d'Augustin),  avait fait place à une salle d'exposition.  Voici un extrait du blog de Met Barran: 

http://metbarran.canalblog.com/archives/2011/09/23/22133155.html

 

Le Vieux Moulin
VENDREDI 23 SEPTEMBRE 2011

 Hasard, pas hasard? Ainsi vont tout de même les choses. Au cours d'une conversation matinale avec un ami, bien présent dans le domaine de la création locale, j'ai été amené à évoquer un lieu d'exposition qui, à une certaine époque -déjà assez lointaine- se trouvait près d'Arles-sur-Tech sur la route menant à Saint- Laurent de Cerdans et Prats- de- Mollo. C'était en fait une boutique d'antiquités avec galerie d'art, créée par la fille du directeur de l'agence Havas. Je n'arrivais pas à rattraper le nom de ce directeur, qui se cachait entre Le Cornec et Le Corbusier. Aussi insaisissable qu'un brochet, il laissa enfin ferrer. Il s'agissait (j'en suis toujours au directeur de l'Agence Havas) d'Antoine De Cornulier, homme élégant et discret, ami de nombreux artistes. Mais, c'est le Lieu qu'animait sa fille qui me préoccupais. Je venais à l'instant de trouver le lieu: Can Partere, hameau d'Arles-sur-Tech. J'en parlais mais assez vaguement. Il sembla à mon ami y avoir été une ou deux fois. Nous nous séparâmes presque sur ce... Au cours l'après-midi, alors que j'examinais quelques vieux papiers, pour faire la part de ce qui est totalement ivraie et de ce qui persiste à paraître du bon grain, mon attention fut attirée par un banal carton d'invitation, sur lequel je lus -avec étonnement- "Le Vieux Moulin, can partere par arles-sur-tech. Felip Vila, peintures et dessin". "Le Vieux Moulin" la dénomination précise du lieu que j'avais évoqué dans la matinée. Le carton, un dépliant en noir et blanc, présentait la reproduction d'une peinture de Felip Vila, l'artiste figuerenc et figure cérétane, ami de Salvador Dalí et... Anne Sophie Coste de Cornulier y invitait au vernissage de pour "le mercredi 8 décembre 1971 à partir de 18 heures et jusqu'à l'aube". Tiens, tiens! hasard, pas hasard? "Le Vieux Moulin" se rappelait à moi quarante ans après. Sans doute pour réveiller des images de personnes amies, de lieux et d'oeuvres appréciés. Mais, ce n'était pas tout. Sur le quatrième volet du dépliant était imprimé un court texte signé par...Henri-François Rey (1920-1987), auteur de romans à succès tels La fête espagnole et Les pianos mécaniques, amoureux de Collioure et de la Costa Brava.

Voici ce qu'il avait écrit pour Félip Vila (1932-1990) et donc pour le bonheur et la gloire du vieux moulin.

"Parce que la terre, le soleil, la chair vive des filles

Parce que l'air vrai de l'Ampurdan et la rigueur de la mer

Parce que la ligne linéaire, toujours, fixe le miracle vivant des corps

Vila exulte.

Vila existe et n'existe que pour cela.

Citoyen authentique de l'Espagne catalane, citoyen de l'Ampurdan, ce qui est plus important, parce que terre insolite, terre de toutes les folies et de tous les humours. Terre patrie et Patrie terre de tous ceux qui rêvent, et avec raison, que leur rêve est le départ même de toutes réalités, et non l'inverse.

Et à Montparnasse où il apparaît, roc, fier, moustachu, Pancho Vila sur les chemins de toutes les révolutions, il apporte le même air de confiance en l'irrationalité de toute forme artistique. Attablé à la Coupole, il recrée tout autour de lui, la réalité des hautes terres catalanes.

Tel est Vila."

 

Henri Coste vendit le moulin à des citoyens anglais qui l'utilisaient comme résidence secondaire.  Ils rénovèrent tout l'intérieur.  

En 2023 le moulin changea de propriétaire et des chambres d'hôtes y furent aménagées.  Elles sont actuellement mises en location sur le site: 

https://www.leschambresdhotesdumolidencamps.fr

 

 

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La mule d'Augustin Coste, traînant la sulfateuse et des ouvriers

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CAN PARTERE
  • CAN PARTERA (couramment nommé en français CAN PARTERE) est un hameau situé dans les Pyrénées-Orientales sur la route départementale 115 qui va de LE BOULOU jusqu'à PRATS DE MOLLÓ - LA PRESTE et qui suit le fleuve LE TECH.
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